Conseil d'éthique clinique

Conseil d'éthique clinique

Ne confondons pas identité morale et théorie philosophique en pratique clinique

Je voudrais proposer quelques pistes de réflexion. Comme ce billet n’est pas le lieu de lourdes définitions, je serais bref.

Nous avons tous une certaine conscience de ce qui est bien ou mal. On appellera cela le « sens moral ». C’est une forme d’intuition, cela coule de source, c’est comme évident. Pour beaucoup d’entre nous, elle est en accord avec la culture de la société, ou du groupe, où nous vivons.

Les choses se compliquent lorsque l’on veut argumenter, donner les raisons qui fondent notre engagement.

Heureusement, nous disposons de systèmes philosophiques. Des penseurs ont adopté des concepts, construit des théories, que d’autres peuvent utiliser pour justifier leurs actions. Cependant, il y a un mais : ces conceptions sont très nombreuses !

Je n’en cite que quelques-unes.

Kant est à l’origine d’une des plus connues : une éthique déontologique. La norme m’oblige. Elle est au-dessus de moi et elle m’impose le respect.

De l’autre côté de l’Atlantique, on est utilitariste et l’on considère plutôt les conséquences de nos décisions.

Dans une éthique des vertus, celles du sage sont appréciées. C’est la sagesse pratique d’Aristote, étudiée entre autres par Paul Ricœur et que j’emploie souvent.

Il en existe beaucoup d’autres comme celles provenant de différents courants religieux.

Qu’en est-il lorsque nous analysons un dilemme éthique ?

Une exploration objective d’une situation clinique — d’un cas d’éthique — n’engage pas le chercheur à avoir un point de vue personnel sur ce qui est moralement bien ou mal. De même qu’une analyse psychologique ou philosophique d’une religion n’exhorte pas l’expert à croire dans des divinités. Ce qui importe dans la résolution d’un dilemme éthique, c’est la façon dont les individus considèrent leur condition, et non le fait que ses interprétations se révèlent finalement vraies.

En tant que médecin, je me dois de respecter l’autonomie du sujet souffrant et de ne pas porter de jugement péjoratif et toujours de conserver un regard bienveillant sur la personne et ses convictions même si je ne les partage pas, tout en me conformant bien entendu aux « bonnes mœurs ». Ce qui constitue le fondement de cette visée c’est la recherche d’un certain compromis dans l’intérêt de la personne malade ou vulnérable.

 

Ainsi, nous ne devons pas confondre une identité morale, la nôtre et celle d’autrui, avec une éthique clinique basée sur une théorie philosophique et sur des normes internationales largement reconnues. Dans nos argumentations pour une décision, ces dernières nous servent à préciser ce qui est juste — ou pas —. Alors que le domaine de notre morale individuelle est double. Elle définit ce que nous concevons comme bien ou mal dans nos actions, mais elle tend surtout à nous transformer et nous rendre meilleurs. Enfin, identité morale et théorie philosophique sont très proches et correspondent à une certaine idée du Bien.



08/04/2022
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